Gonder son enfant en Islam : entre fermeté et miséricorde
L’éducation des enfants occupe une place essentielle en Islam. Les parents portent une responsabilité à la fois spirituelle et éducative, car ils sont les premiers guides de leurs enfants. Face aux erreurs, aux caprices ou aux comportements inadaptés, la question se pose : peut-on gronder son enfant en Islam ? Comment trouver l’équilibre entre la douceur recommandée par le Prophète ﷺ et la nécessité de corriger l’enfant pour son bien ?
L’importance de la douceur dans l’éducation
Le Prophète ﷺ a dit : « La douceur n’est présente dans une chose sans l’embellir, et elle n’est retirée d’une chose sans l’enlaidir. » (Rapporté par Muslim).
Cette parole rappelle que la douceur doit rester la base de toute relation éducative. Les enfants apprennent mieux lorsqu’ils se sentent aimés, valorisés et sécurisés. En Islam, élever son enfant ne signifie pas uniquement le nourrir et l’habiller, mais surtout lui transmettre des valeurs morales et spirituelles avec sagesse et patience.
Corriger sans brutalité
Gronder son enfant n’est pas interdit en Islam, mais cela doit être fait avec mesure. Le Prophète ﷺ lui-même corrigeait les enfants lorsqu’ils faisaient des erreurs, mais toujours avec bienveillance et pédagogie. Par exemple, lorsqu’un jeune garçon mangeait avec sa main gauche, il lui a simplement dit : « Dis bismillah, mange avec ta main droite et mange ce qui est devant toi. » (Rapporté par al-Bukhari et Muslim).
Cette approche montre qu’il est possible de corriger sans crier ni humilier, mais en expliquant et en guidant l’enfant vers le bien.
Quand la fermeté devient nécessaire
Il arrive parfois que l’enfant répète ses erreurs malgré plusieurs rappels. Dans ce cas, un ton plus ferme peut être employé, tant qu’il ne s’agit pas d’un excès de colère. L’Islam condamne la violence verbale ou physique injustifiée, et recommande d’éduquer avec équilibre. Ibn al-Qayyim expliquait que l’enfant a besoin de douceur, mais aussi de fermeté, afin de ne pas grandir dans l’insouciance.
Gronder pour enseigner la prière
L’un des exemples les plus connus en Islam est l’éducation à la prière. Le Prophète ﷺ a dit : « Ordonnez à vos enfants d’accomplir la prière à l’âge de sept ans, et frappez-les pour elle à l’âge de dix ans, et séparez-les dans les lits. » (Rapporté par Abou Daoud).
Ce hadith montre que l’enfant doit être encouragé dès son jeune âge à prier, d’abord par l’exemple et la douceur, puis par un rappel plus ferme si nécessaire. Gronder dans ce cas n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’ancrer une habitude fondamentale.
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Éviter les excès et préserver le lien affectif
Un parent doit veiller à ce que la correction ne brise jamais le lien de confiance avec son enfant. L’Islam enseigne la miséricorde et la justice : gronder pour enseigner est permis, mais gronder par colère ou injustice est interdit. Chaque enfant est différent ; certains sont sensibles à un simple rappel verbal, d’autres nécessitent plus de fermeté. L’essentiel est de rester juste et équilibré.
Comprendre la désobéissance des enfants
L’enfant désobéissant n’agit pas toujours par provocation. Son comportement peut cacher un besoin d’attention, une frustration ou simplement l’influence de ce qu’il voit autour de lui. Le Prophète ﷺ a dit : « Chacun de vous est un berger, et chacun de vous sera interrogé sur son troupeau. » (Rapporté par al-Bukhari et Muslim).
Cela signifie que les parents doivent chercher à comprendre les causes avant de sanctionner, et distinguer entre une erreur involontaire et une désobéissance consciente.
Peut-on punir son enfant en Islam ?
Oui, la punition est permise en Islam, mais elle doit toujours être encadrée par la justice, la miséricorde et la mesure. Le Prophète ﷺ a ordonné d’enseigner la prière aux enfants dès l’âge de 7 ans et de les corriger fermement à 10 ans s’ils la négligent (Rapporté par Abou Daoud). Cela montre que la punition n’est pas une fin en soi, mais un dernier recours après plusieurs rappels et explications.
Les règles à respecter dans la punition
En Islam, certaines règles doivent être appliquées pour que la punition soit bénéfique et non destructrice :
Ne jamais punir dans la colère : Le Prophète ﷺ a conseillé à celui qui se met en colère de s’asseoir, de se taire ou de faire ses ablutions. Punir en état de colère conduit souvent à l’injustice.
Adapter la punition à l’âge : Un jeune enfant ne peut être corrigé comme un adolescent. L’Islam recommande la progressivité : d’abord l’explication, ensuite le rappel ferme, et enfin une punition mesurée.
Éviter l’humiliation et la violence excessive : L’enfant reste une amana (dépôt) confiée par Allah. Il n’est pas permis de le frapper durement ni de l’humilier publiquement.
Être constant et juste : L’enfant doit comprendre que la punition vient d’une règle claire, et non du changement d’humeur du parent.
Accompagner la punition d’une explication : L’enfant doit savoir pourquoi il est puni, afin d’apprendre de son erreur et non de ressentir de la rancune.
Le rôle de l’exemple parental
Enfin, il est essentiel de rappeler que les enfants imitent ce qu’ils voient. Avant de gronder, les parents doivent se questionner : est-ce que je montre moi-même l’exemple dans ce que j’exige de mon enfant ? Un enfant apprendra plus facilement par imitation que par réprimande.
