La grossesse est une période de vulnérabilité, de changements profonds et d’attente. Pourtant, certaines unions connaissent des difficultés même durant cette phase. De nombreuses femmes se demandent alors : le divorce est-il permis pendant la grossesse en Islam ?
Le sujet peut sembler douloureux, mais l’islam l’aborde avec justice, sagesse et protection pour la femme enceinte.
Le Coran reconnaît la validité du divorce pendant la grossesse
Allāh ﷻ a explicitement évoqué le cas des femmes enceintes divorcées dans le Coran. Cela prouve que le divorce en période de grossesse est licite.
« Et pour celles de vos femmes qui sont enceintes, leur délai d’attente prendra fin lorsqu’elles auront accouché. »
(Sourate at-Talâq, 65:4)
Ce verset est une preuve claire que le divorce durant la grossesse est valide, puisque le texte divin fixe la fin de la période d’attente (‘iddah) à l’accouchement.
Cela signifie que la grossesse n’empêche pas le divorce, mais qu’elle modifie la durée de l’‘iddah, qui se termine avec la naissance de l’enfant.
Les exégètes comme Ibn Kathîr et al-Qurtubī expliquent que ce verset s’applique spécifiquement aux femmes enceintes divorcées, et qu’il montre la légitimité du divorce pendant la grossesse sans équivoque.
La Sunna du Prophète ﷺ confirme la validité du divorce en cas de grossesse
Un hadith rapporté par Ibn ‘Umar (qu’Allāh l’agrée) éclaire la question du moment opportun du divorce :
Ibn ‘Umar répudia sa femme alors qu’elle avait ses menstrues. Le Prophète ﷺ se mit en colère et dit : « Qu’il la reprenne, puis qu’il la garde jusqu’à ce qu’elle soit purifiée, puis qu’elle ait ses règles, puis qu’elle soit purifiée encore. Ensuite, s’il veut, qu’il la garde, et s’il veut, qu’il la divorce avant de la toucher. Voilà le délai que Dieu a prescrit pour le divorce des femmes. »
(Rapporté par al-Bukhārī et Muslim)
Ce hadith précise que le divorce pendant les menstruations est interdit, mais qu’il est permis pendant la grossesse, car la femme enceinte n’a pas de cycle menstruel.
Ainsi, le divorce pendant la grossesse est considéré comme un “ṭalāq sunnī”, c’est-à-dire un divorce conforme à la Sunna, contrairement au divorce prononcé en période de menstrues, qui est blâmable.
Les conditions du divorce en Islam : justice et protection de la femme
L’islam ne considère pas le divorce comme un acte anodin, mais comme une solution ultime lorsque la réconciliation n’est plus possible.
Allāh ﷻ dit :
« Le divorce est permis deux fois. Alors, c’est soit la reprise conformément à la bienséance, soit le renvoi avec bienfaisance. »
(Sourate al-Baqara, 2:229)
Même pendant la grossesse, le mari est tenu de divorcer dans le respect et la bienveillance. Il ne doit ni humilier, ni chasser son épouse, ni lui causer de tort.
Le Prophète ﷺ a également recommandé de traiter la femme enceinte avec douceur, car elle traverse une période de fragilité physique et émotionnelle.
													L’avis des quatre écoles juridiques sur le divorce pendant la grossesse
Les quatre écoles (hanafite, malikite, shaféite et hanbalite) sont unanimes :
le divorce pendant la grossesse est valide, mais il doit être prononcé selon les règles de la Sunna et dans un cadre de respect.
Elles divergent uniquement sur certains détails liés à la formulation ou au nombre de répudiations.
L’école hanafite
Selon les juristes hanafites, le divorce de la femme enceinte est valide et conforme à la Sunna, car elle ne peut pas être en état de menstrues.
La grossesse ne rend donc pas le divorce illicite, et la période d’attente (‘iddah) prend fin à l’accouchement.
Cette opinion est rapportée par Ibn ‘Ābidīn dans Radd al-Muḥtār, qui précise que ce type de divorce est “ṭalāq sunnī” et non “ṭalāq bid‘ī” (innové).
L’école malikite
L’école malikite, comme exposé par Ibn al-Qāsim et al-Qarāfī, considère également que le divorce d’une femme enceinte est licite et valide religieusement.
Elle souligne cependant que le mari doit respecter la période d’attente jusqu’à l’accouchement et subvenir à tous les besoins de la mère, car elle porte un enfant qui a droit à la protection du père.
Les malikites rappellent aussi que divorcer sans motif légitime est fortement déconseillé, surtout lorsque la femme est enceinte.
L’école shaféite
Les shaféites, tels qu’al-Nawawī dans al-Majmū‘, confirment la validité du divorce pendant la grossesse et considèrent qu’il est le plus conforme à la Sunna par rapport à d’autres périodes.
Ils insistent sur le fait que le mari ne doit pas profiter de la situation de faiblesse de la femme pour la répudier injustement.
Le divorce, dans ce cas, doit être raisonné, consulté et encadré par la sagesse.
L’école hanbalite
Selon les hanbalites, comme Ibn Qudāma dans al-Mughnī, le divorce d’une femme enceinte est permis et licite, et il est même préféré à un divorce pendant les menstrues, car la grossesse est une preuve claire de l’état de pureté (ṭuhr).
Ils ajoutent que le mari reste responsable du maintien, du logement et de la subsistance de la femme jusqu’à la fin de l’accouchement.
L’‘Iddah de la femme enceinte divorcée : une durée spéciale
Contrairement aux autres femmes divorcées, dont la période d’attente varie selon leurs cycles menstruels, l’‘iddah de la femme enceinte prend fin au moment de l’accouchement, comme le dit le verset 65:4.
Cela signifie que si une femme accouche peu après le divorce, son ‘iddah s’achève immédiatement.
Mais durant cette période, le mari doit assurer son entretien et celui du futur enfant, conformément au verset :
« Faites que celles qui sont enceintes dépensent de vos biens jusqu’à ce qu’elles accouchent. »
(Sourate at-Talâq, 65:6)
Ce verset établit le droit clair de la femme enceinte divorcée à la prise en charge financière jusqu’à la naissance.
Le divorce durant la grossesse : entre légitimité et responsabilité morale
Même si le divorce pendant la grossesse est religieusement valide, il ne doit jamais être pris à la légère.
Les savants s’accordent à dire qu’il faut l’envisager seulement en dernier recours, lorsque la réconciliation est devenue impossible.
La grossesse est un temps où la femme mérite plus que jamais protection, douceur et stabilité. Le mari, même en cas de séparation, reste père et protecteur, responsable du bien-être de son futur enfant et de la mère.
Allāh ﷻ dit :
« Et ne les maltraitez pas afin de leur nuire. Quiconque agit ainsi se fait tort à lui-même. »
(Sourate at-Talâq, 65:6)
Ainsi, le divorce durant la grossesse, bien qu’autorisé, doit être entouré de justice, miséricorde et dignité, en accord avec l’esprit du Coran et de la Sunna.
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