
Échographie en islam : ce que dit la religion et comment l’aborder sereinement
L’échographie est devenue un rendez-vous incontournable pour les femmes enceintes. Grâce à cet examen, les médecins peuvent suivre l’évolution du fœtus, détecter d’éventuelles anomalies et rassurer les futurs parents. Mais pour de nombreuses musulmanes, une question essentielle se pose : cette pratique est-elle conforme à l’islam ? Est-elle licite ? Quels sont ses bienfaits et ses limites d’un point de vue religieux ?
Cet article répond aux principales préoccupations des futures mamans musulmanes à la lumière du Coran et de la Sunna authentique.
L’échographie est-elle permise en islam ?
Les principes fondamentaux de l’islam placent la préservation de la vie parmi les objectifs majeurs de la législation islamique. À ce titre, tout ce qui concourt à protéger la santé de la mère et de l’enfant à naître est non seulement permis, mais recommandé.
Le Prophète ﷺ a dit :
« Ô serviteurs d’Allah, soignez-vous, car Allah n’a fait descendre aucune maladie sans faire descendre aussi son remède. »
(Hadith rapporté par al-Bukhârî et Muslim)
L’échographie entre pleinement dans ce cadre. Elle permet au médecin d’évaluer la croissance du bébé, la position du placenta, le volume du liquide amniotique et d’éventuels signes de souffrance fœtale. Ces informations peuvent sauver des vies, permettre une meilleure préparation à l’accouchement ou éviter des complications graves.
Aucun texte du Coran ou hadith authentique n’interdit l’usage de cette technologie. Tant que l’examen est pratiqué dans le respect de la pudeur et avec une intention saine, il est parfaitement licite.
L’importance de l’intention dans l’usage de l’échographie
En islam, l’intention est au cœur de chaque acte. Le Prophète ﷺ a dit :
« Les actes ne valent que par leurs intentions. »
(Hadith rapporté par al-Bukhârî et Muslim)
Ainsi, l’échographie est permise si elle est faite pour vérifier la bonne santé du bébé, se préparer à l’accouchement ou répondre à une inquiétude médicale. Elle devient répréhensible si elle est utilisée à des fins interdites comme l’avortement sélectif fondé sur le sexe de l’enfant, ou si elle conduit à une forme d’orgueil, de comparaison ou de vanité (diffusion publique non nécessaire, compétitions sur les réseaux sociaux, etc.).
Que dit l’islam sur la représentation du fœtus en image ?
Certains croyants se posent la question du statut des images échographiques. Il faut ici rappeler que les interdictions religieuses concernant la représentation des êtres vivants visaient essentiellement les statues ou dessins associés à l’idolâtrie. Or, les clichés échographiques ne sont ni destinés à l’adoration ni à l’imitation de la création divine.
Le Coran rappelle que c’est Allah qui crée et façonne :
« C’est à Allah qu’appartient la royauté des cieux et de la terre. Il crée ce qu’Il veut. Il donne des filles à qui Il veut, et des garçons à qui Il veut. »
(Sourate ash-Shûrâ, verset 49)
Les images issues de l’échographie ne sont qu’un reflet limité et temporaire de cette création, perçue à travers des ondes médicales. Elles n’entrent donc pas dans le cadre des interdits sur la représentation vivante.
Peut-on découvrir le sexe du bébé ?
Connaître le sexe du bébé ne fait l’objet d’aucune interdiction religieuse, tant que cela ne conduit pas à mépriser un genre ou à privilégier l’un au détriment de l’autre. L’islam combat fermement toute forme de rejet de la naissance d’une fille, comme cela se pratiquait à l’époque préislamique.
Le Coran condamne ouvertement cette attitude :
« Lorsqu’on annonce à l’un d’eux la naissance d’une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde l’envahit. »
(Sourate an-Naḥl, verset 58)
Connaître le sexe du bébé peut aider à mieux se préparer, choisir un prénom, aménager une chambre. Mais cette information ne doit jamais être source de préférence injuste ni de tristesse, car chaque enfant, fille ou garçon, est une miséricorde d’Allah.

Quelles précautions pour respecter la pudeur ?
L’échographie nécessite parfois de découvrir le ventre, ce qui peut soulever des questions liées à la ʿawra (parties du corps à couvrir). L’islam autorise la levée de la pudeur lorsqu’il s’agit de soins nécessaires. Il est toutefois préférable, lorsque cela est possible, de se faire examiner par une praticienne femme. Si cela n’est pas possible, la présence du mari ou d’une accompagnante est recommandée, et il convient de se découvrir uniquement ce qui est nécessaire à l’examen.
Cette attitude permet de concilier respect du corps, confiance envers le médecin, et conformité avec les valeurs de la foi.
L’échographie en tant qu’outil de gratitude envers Allah
L’observation du fœtus en développement, ses mouvements, son cœur qui bat, peut renforcer la foi. Ce moment intime peut devenir un temps d’émerveillement spirituel et de reconnaissance envers Allah.
Le Coran nous invite à méditer sur la création humaine :
« Nous avons certes créé l’homme d’un extrait d’argile. Puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un reposoir solide. Ensuite, Nous avons transformé la goutte de sperme en adhérence, puis l’adhérence en embryon… »
(Sourate al-Muʾminûn, versets 12 à 14)
L’échographie est une occasion unique de contempler ces signes de la puissance divine à travers un acte médical concret. Cela renforce la gratitude, la connexion à Allah, et le sentiment de responsabilité en tant que futurs parents.
Éviter les excès : modération et discernement
Si l’échographie est permise, l’abus reste déconseillé. Il est inutile de multiplier les examens sans motif médical sérieux. Se contenter des trois échographies recommandées par les professionnels (au 1er, 2e et 3e trimestre) suffit largement dans la majorité des cas. Cela permet de garder une approche équilibrée, respectueuse du fœtus, de la santé de la mère et de l’esprit de simplicité prôné par l’islam.
L’examen échographique doit rester un outil de soin et de conscience, non un objet de distraction ou de consommation.
Ce qu’il faut retenir
L’échographie est un moyen moderne licite, utile et même recommandé pour veiller à la bonne santé du fœtus. À condition de respecter la pudeur, de consulter pour de justes raisons et de garder une intention pure, il n’existe aucune interdiction religieuse à la pratiquer. Bien au contraire, cette démarche peut renforcer la foi, la gratitude envers Allah et la responsabilité parentale.
Allah est le Créateur. Nous ne faisons que constater Ses signes. Et Il est Celui qui donne la vie et la préserve.
« C’est Allah qui vous a créés, puis vous a attribué la mort. Et parmi vous, il en est qui est ramené à l’âge le plus vil, de sorte qu’il ne sait plus rien de ce qu’il savait auparavant. Certes, Allah est Omniscient et Omnipotent. »
(Sourate an-Naḥl, verset 70)