Es-tu prêt(e) à accueillir un nouveau bébé dans la famille ?
Accompagner les cœurs avant l’arrivée du bébé
L’annonce d’une grossesse est un moment rempli d’émotions. Lorsqu’un nouvel enfant est attendu, toute la famille est concernée — et tout particulièrement les aînés. Pour un parent musulman, cette étape est l’occasion de conjuguer la tendresse de la relation parent-enfant avec les valeurs profondes transmises par l’islam.
Car si accueillir un bébé est une bénédiction, il est tout aussi essentiel de veiller au bien-être de l’enfant déjà présent. Lui permettre de vivre cette transition sans crainte, avec confiance et amour, fait partie intégrante de la responsabilité éducative confiée par Allah ﷻ.
Parler de la grossesse avec des mots simples et vrais
Il n’est pas nécessaire d’attendre le dernier moment pour parler de la grossesse. Dès que votre enfant commence à percevoir un changement (ventre qui grossit, fatigue, discussions autour du bébé), il est important de mettre des mots sur ce qu’il observe. Lui expliquer, avec des phrases adaptées à son âge, qu’un petit frère ou une petite sœur va rejoindre la famille permet d’ancrer l’événement dans une réalité qu’il peut comprendre.
L’Islam nous enseigne la sincérité et la clarté, même dans les petites choses. Plutôt que de dire que « tout va rester pareil », il est préférable de rassurer l’enfant autrement : « Oui, le bébé va prendre un peu de place, mais ton rôle de grand devient très important. » Cette franchise bienveillante prépare le terrain émotionnel de manière saine.
L’impliquer dans l’attente pour qu’il se sente acteur
Un enfant a besoin de se sentir utile, et non mis de côté. Lui proposer de participer à de petites tâches en lien avec l’arrivée du bébé peut changer sa perception des choses. Il ne s’agit pas de le responsabiliser au-delà de ses capacités, mais de lui offrir un espace de contribution : préparer quelques vêtements, choisir un jouet, décorer la chambre ou faire un dessin pour accueillir le bébé.
Dans la Sunna, le Prophète Muhammad ﷺ nous a montré par son comportement que les enfants, dès leur plus jeune âge, peuvent être impliqués dans la vie de la famille et de la communauté. Leur donner une place renforce leur confiance et réduit les tensions à venir.
Préserver la place unique de chaque enfant
Quand un nouvel enfant arrive, il est naturel que l’aîné ressente une forme d’inquiétude, de jalousie ou de confusion. Il peut craindre de perdre sa place ou d’être moins aimé. C’est pourquoi il est essentiel de lui répéter qu’il reste unique et précieux.
Dans le Coran, Allah ﷻ nous rappelle qu’Il connaît chaque âme et qu’Il ne confond jamais les rôles ni les responsabilités. En tant que parent, votre rôle est de maintenir cette justice affective : montrer que l’amour ne se divise pas, mais qu’il se multiplie. Chaque enfant est une amana, un dépôt sacré, et mérite attention et considération. Un mot doux, un regard complice, une attention quotidienne font souvent toute la différence.
Gérer la jalousie et les émotions avec bienveillance
L’arrivée d’un bébé réveille parfois des émotions complexes chez l’aîné. Jalousie, colère, tristesse ou isolement peuvent s’exprimer de manière inattendue : régression, caprices, silence ou opposition. Plutôt que de sanctionner ou minimiser ces réactions, il est plus bénéfique d’ouvrir un dialogue.
Dire à son enfant : « Je vois que tu es en colère, tu peux me le dire, je suis là pour t’écouter » crée un climat de sécurité émotionnelle. Le Prophète ﷺ accueillait toujours les émotions de ceux qui l’entouraient, sans jugement, et avec beaucoup de douceur. Cette attitude est un exemple précieux pour apaiser les craintes de votre enfant.
Transmettre les valeurs de la fraternité selon la Sunna
L’islam attache une grande importance au lien entre frères et sœurs. La fraternité ne se décrète pas, elle se construit. En expliquant dès l’enfance que le nouveau-né est un « cadeau d’Allah » et que le grand frère ou la grande sœur aura un rôle de protection, de douceur et d’exemple, vous semez les graines de la miséricorde.
Le Prophète ﷺ a dit : « Le croyant est pour le croyant comme une construction dont chaque partie soutient l’autre. » Ce principe s’applique aussi dans la fratrie : chaque enfant complète l’autre, chacun apprend à travers l’autre. Et vous, en tant que parent, êtes là pour guider cette construction avec justice et rahma (compassion).
Le jour de la naissance, faire une place au grand
Lorsque le bébé naît, tout tourne naturellement autour de lui. Pourtant, il est important que l’aîné soit inclus dans ce moment. Une simple attention peut suffire : lui présenter le bébé comme un membre de la famille, le laisser l’approcher, lui proposer un rôle, aussi petit soit-il.
Dans certaines familles, on associe ce moment à la ‘aqiqa, le sacrifice d’un mouton en remerciement pour la naissance. Faire participer l’aîné à cette célébration, même symboliquement (distribuer un peu de nourriture, coller une étiquette, dire une invocation) lui permet de ressentir l’honneur du moment plutôt que l’exclusion.
Maintenir le lien après l’accouchement
Une fois le bébé arrivé, la logistique du quotidien peut prendre le dessus. Le risque, c’est de négliger — sans le vouloir — l’aîné. Pourtant, c’est dans les petites attentions régulières que se construit la sécurité affective. Un moment de jeu, une histoire partagée, une prière récitée ensemble, un câlin avant le coucher… Ces instants sont précieux.
Nul besoin de faire compliqué : c’est la constance dans la tendresse qui rassure. L’enfant comprendra que, malgré les changements, il garde une place essentielle dans votre cœur et dans votre quotidien.