L’Aïd el-Adha, également connue sous le nom de « fête du sacrifice », est une des fêtes les plus importantes de l’islam, commémorant la dévotion et l’obéissance du prophète Ibrahim (Abraham) envers Allah. Pour marquer cet événement, les musulmans sacrifient un mouton ou un autre animal. Cependant, une question revient souvent : le sacrifice du mouton est-il obligatoire lors de l’Aïd el-Adha ?
Le contexte religieux : Que représente le sacrifice ?
Le sacrifice de l’Aïd el-Adha est directement inspiré de l’histoire du prophète Ibrahim (aws), qui accepta de sacrifier son fils Ismaïl en réponse à l’ordre divin. Allah, touché par sa dévotion, remplaça Ismaïl par un bélier. Cette épreuve de foi est devenue un acte symbolique pour les musulmans, qui pratiquent ce sacrifice pour commémorer l’obéissance et la foi absolue envers Allah.
Le sacrifice : Sunnah ou Obligation ?
Dans la jurisprudence islamique, le sacrifice du mouton pour l’Aïd el-Adha est classé soit comme sunnah mu’akkadah(une sunnah fortement recommandée) ou wajib (obligatoire), en fonction des différentes écoles de pensée. Examinons les avis des grandes écoles :
L’école Hanafi considère le sacrifice comme wajib (obligatoire) pour toute personne ayant les moyens financiers. Selon cet avis, quiconque est financièrement capable et ne fait pas le sacrifice manque à une obligation.
Le Prophète Muhammad (sws) a dit : « Celui qui a les moyens et ne fait pas le sacrifice, qu’il ne s’approche pas de notre lieu de prière. »
(Sunan Ibn Majah)Ce hadith, souvent cité par les juristes hanafites, est interprété comme un avertissement fort pour ceux qui négligent cette pratique malgré leurs moyens.
Les écoles Malékite, Shafi’ite et Hanbalite, quant à elles, considèrent le sacrifice comme une sunnah mu’akkadah, c’est-à-dire une recommandation fortement encouragée, mais non obligatoire. Selon ces écoles, le sacrifice est une preuve de foi et de gratitude envers Allah, mais son absence n’est pas considérée comme un péché pour ceux qui ont les moyens mais choisissent de ne pas sacrifier.
Selon Umm Salamah, le Prophète (sws) a dit : « Lorsque les dix premiers jours de Dhoul Hijja commencent, si l’un d’entre vous veut faire un sacrifice, qu’il ne coupe ni ses cheveux ni ses ongles. »
(Sahih Muslim)Ce hadith est interprété par les savants de ces écoles pour indiquer que le sacrifice n’est pas obligatoire, car le Prophète utilise l’expression « s’il veut faire un sacrifice », ce qui laisse une forme de choix.
Qui est concerné par le sacrifice ?
Les avis diffèrent légèrement selon les écoles, mais en général, le sacrifice est destiné aux personnes qui remplissent certains critères :
- Capacité financière : Celui qui possède un surplus de biens ou d’argent après avoir subvenu à ses besoins essentiels et à ceux de sa famille. Ce critère se base sur la même logique que celle du paiement de la zakat (aumône).
- Chef de famille : Traditionnellement, c’est la personne qui soutient financièrement le foyer qui est responsable de faire le sacrifice pour l’ensemble de sa famille.
Dans l’école hanafite, le sacrifice est obligatoire pour chaque individu ayant les moyens, y compris les membres adultes d’une même famille. Dans les autres écoles, un seul sacrifice pour la famille est généralement considéré comme suffisant.
Peut-on remplacer le sacrifice par une aumône ?
Certaines personnes se demandent s’il est possible de remplacer le sacrifice par une aumône, surtout en raison de l’augmentation des prix ou de l’accès limité aux animaux dans certaines régions. Selon la majorité des savants, le sacrifice lui-même est un acte spécifique de l’Aïd el-Adha et ne peut pas être remplacé par une aumône.
L’aumône (sadaqah) est toujours encouragée, mais elle ne remplace pas le sacrifice. En revanche, il est permis de déléguer son sacrifice par un intermédiaire qui effectuera le sacrifice en votre nom, notamment dans des pays où les animaux sont disponibles à des coûts raisonnables et où la viande est distribuée aux nécessiteux.
Les bienfaits spirituels du sacrifice
Même pour les personnes pour qui le sacrifice n’est pas strictement obligatoire, il est fortement recommandé en raison de sa valeur spirituelle. Le sacrifice est un acte de foi et de gratitude envers Allah, et un moyen de se rapprocher de Lui. La distribution de la viande aux proches et aux nécessiteux renforce également les liens sociaux et la solidarité communautaire.
Selon Aïcha (aws), le Prophète (sws) a dit : « Il n’y a rien que le fils d’Adam puisse faire le jour du sacrifice qui soit plus aimé d’Allah que le sacrifice. »
(Sunan at-Tirmidhi)
Ce hadith montre l’importance du sacrifice aux yeux d’Allah, en tant qu’acte de dévotion qui dépasse la simple offrande matérielle.
Le sacrifice de l’Aïd el-Adha est une pratique sunnah mu’akkadah pour certains et wajib pour d’autres, ce qui signifie qu’il est fortement encouragé pour tous ceux qui en ont les moyens, voire obligatoire selon l’école hanafite. Bien que les savants ne s’accordent pas tous sur son caractère obligatoire, l’importance spirituelle et sociale de cet acte reste incontestable dans toutes les écoles de pensée.
Pour honorer l’esprit de l’Aïd el-Adha et suivre l’exemple du Prophète (sws), il est donc recommandé à toute personne capable de le faire d’accomplir ce sacrifice, en particulier si cela est dans ses moyens financiers. Que ce soit obligatoire ou recommandé, le sacrifice du mouton ou d’un autre animal pour l’Aïd reste un symbole puissant de foi, de partage et de gratitude envers Allah.